Arachnides : araignées et scorpions du Liban

Arachnides (Classe: Arachnida)

Les arachnides sont une classe d’arthropodes, un phylum incluant également les insectes et les crustacées. Le corps des arachnides est constitué de deux parties, l’abdomen et le céphalothorax auquel sont rattachées quatre paires de pattes (avec quelques exceptions), alors que l’insecte adulte (imago) a un corps constitué de trois parties et possède trois paires de pattes.

En sus des pattes, les arachnides possèdent une paire suplémentaire d’appendices spécialisés appelée pedipalpe (pattes-mâchoires), située à l’avant du céphalothorax aux abords de la bouche et dont la morphologie varie d’un groupe d’arachnides à l’autre. Ainsi, les pédipalpes des araignées ont une fonction principalement sensorielle, alors que chez les scorpions et les pseudoscorpions, ils se terminent sur des pinces qui ont une fonction de défense et de prédation. La plupart des arachnides est carnivore, et certains, comme les araignées et les scorpions sont venimeux. D’autres ont développé un mode de vie parasite, comme les mites qui se nourrissent du sang de leur hôte (cas des tiques), ou autres sécrétions du corps (cas de la varroa des abeilles).

Les arachnides du Liban

Les arachnides du Liban sont sous-étudiées. On peut pourtant y observer toutes les variétés. Les plus connues sont les araignées (ordre des Araneae) et les scorpions (Scorpiones). Les autres types remarquables sont les solifuges (ordre des Solifugae), les pseudoscorpions (ordre des Pseudoscorpiones), les faucheuses (ordre des Opiliones), ou encore les tiques (ordre des Ixodida).

Les araignées du Liban (Araneae)

Les araignées sont le groupe le plus vaste d’arachnides. Elles se caractérisent par la possession de poils sensoriels couvrant tout le corps, des chélicères, pinces buccales servant à mordre ou injecter du venin qui tue et prépare la digestion de la proie, ainsi qu’une filière, glande à soie produisant le fil dont les araignées tissent leur toile. Les araignées sont d’importantes alliées dans la limitation des nuisibles, elles qui se nourrissent principalement d’insectes.

La mygale noire de Méditerranée (Chaetopelma olivaceum), qui compte parmi les plus grandes des araignées, peut également s’attaquer à des lézards et des nourrissons de rongeurs quand l’opportunité se présente à elles. Cette mygale est très commune au Liban, et jusque dans les foyers. Comme la plupart des araignées mygaloformes du Vieux Monde, la mygale noire de Méditerranée adopte un comportement défensif quand elle est inquiétée. Pourtant, il n’y a pas à s’en effrayer, sa morsure a beau être déplaisante, elle est d’effet bénin.

Mygales noires de Méditerranée : un mâle (clair) et une femelle (foncée) © Ramy Khashab

Les différentes familles d’araignées ont développé une grande variété de techniques de prédation. Ainsi, les grandes araignées-loups (Family: Lycocidae) chassent à l’affût, alors que les araignées du genre Argiopes tissent une grande toile collante où se prennent leurs proies. Elles affectionnent les jardins et les abords des points d’eau riches en insectes volant.

Les femmelles des araignées-loups portent leurs oeufs sur leur dos jusqu’à ce qu’ils éclosent, puis continuent à transporter leur progéniture jusqu’à ce qu’elle mue et soit à même de chasser d’elle-même.

© Ramy Khashab

Les araignées-crabes (Thmisidae family) sont une famille d’araignées chassant à l’embûche et comptant sur leur camouflage pour approcher leurs proies. Elles ne construisent pas de toile, mais prennent, comme celles du genre Thomisus, résidence sur les plantes fleuries où elles prennent pour cible les insectes pollinisateurs (abeilles, papillons, mouches, etc.). Elles sont même capables de changer de couleur pour se fondre avec la teinte de la plante-hôte.

Les araignées sauteuses (Salticidae) sont douées d’une très bonne vue qui leur permet de repérer les proies mouvantes sur lesquelles elles sautent lorsqu’elles sont assez proches. Dans leur bond, elles s’assurent d’un fil de soie.

Souvent confondues avec les faucheuses, les Pholcidées ont pris quartier dans les maisons et les entrepôts où elles nichent en groupe dans une grande toile tissée dans les coins des pièces.

Pholcidée transportant ses oeufs © Ramy Khashab

Et voici deux autres exemples d’araignées :

Scorpions (Scorpiones)

Les scorpions sont facilement reconnaissables à leurs pinces et à leur longue queue segmentée, recourbée au-dessus du corps et érigée d’un dard massif. Le Liban est la patrie d’une dizaine d’espèces de scorpions appartenant à deux familles distinctes : les Scorpionidae et les Buthidae.

Les Scorpionidae

Les scorpions de la famille des Scorpionidae possèdent généralement des pinces épaisses et puissantes dont ils usent, plutôt que du venin peu toxique qu’ils sécrètent, pour maîtriser leurs proies. La seule espèce dont la présence est confirmée au Liban est Scorpio fuscus, bien qu’il doive y exister d’autres espèces.

Scorpio fuscus © Ramy Khashab

Les Buthidae

Les Buthidae forment la famille de scorpion la plus représentée au Liban et dans le monde. Certaines espèces, comme l’Hottentotta judaicus, sont très répandues. C’est un scorpion des régions côtières rencontré dans les habitats rocheux. Il est reconnaissable à ses fines pinces rouges.

Hottentotta judaicus © Ramy Khashab

Les scorpions Leiurus abdullahbayrami ou Andractonus crassicauda sont, eux, très répandus dans la partie semi-désertique du Liban. Ces deux espèces sont des plus venimeuses au monde. Bien que le premier ait un bénéfice pharmaceutique non négligeable, il est responsable de la majorité des cas de morsures du fait de a proximité avec les habitations humaines.

Compsobuthus sp. est un genre de scorpions nains qu’on peut trouver au Liban dans des habitats très divers, ce qui laisse à croire qu’il en existe une pluralité d’espèces.

© Ramy Khashab

Orthochirus innesi est un scorpion minuscule (2 cm) résidant dans les zones arides du nord de la Bekaa. Il est reconnaissable à sa queue massive comparée à la taille de son corps, bien qu’il facilement confondu avec les formes juvéniles d’Andractonus crassicauda.

© Ramy Khashab

Pseudoscorpions (Pseudoscorpiones)

Les pseudoscorpions sont de minuscules arachnides qui ne dépassent pas 5 mm. En dépit de leur petitesse, ils sont facilement reconnaissable à leur corps segmenté et aux pédipalpes érigés d’une pince qui leur donne une forme de scorpion. Ils sont généralement trouvés sous les troncs d’arbres morts, dans du bois pourri ou les craquelures d’une roche, plus rarement dans la pièce humide des maisons (cave, cellier). Ils possèdent un venin dans le doigt mobile de leurs pinces qu’ils utilisent pour neutraliser leurs proies formées de minuscules invertébrés, mais qui est totalement inoffensif pour les humains. Dans les habitations, les pseudoscorpions sont de grands prédateurs de mites et de larves de teignes des vêtements, constituant ainsi un allié de premier choix dans le contrôle de leur population. De nombreux pseudoscorpions utilisent de plus gros insectes comme les scarabées ou les mouches pour se déplacer d’un site à un autre, ce qu’on nomme la phorésie.

© Ramy Khashab

Les solifuges (Solifugae)

Les solifuges (littéralement qui fuient le soleil) sont un groupe d’arachnides non venimeux dont certains dépassent 10 cm. On les trouve principalement dans les habitats arides tels que les semi-déserts et les pentes sèches des montagnes. Les solifuges, actifs la nuit, sont des prédateurs opportunistes qui chassent tout ce qu’ils peuvent dominer. Leurs proies incluent des invertébrés, de petits vertébrés, ou des scarabées. En absence de venin pour dissoudre les tissus, la nourriture est hachée par de solides mâchoires (chelicerae). Les pédipalpes des solifuges ont la taille de pattes supplémentaires, mais leur fonction est essentiellement sensorielle.

Tiques (Ixodidae)

Les tiques appartiennent au superordre des mites parasitoformes. Bien connues des éleveurs et des vétérinaires pour leur parasitisme des grands mammifères, en particulier des ruminants et des chiens, elles sont aussi célèbres parmi les philosophes pour l’analyse que Jakob von Uexküll a donné de leur perception du monde environnant. Le biologiste du début du XXe siècle a en effet exposé les trois composantes simples du monde perçu par ces arachnides aveugles et sourdes : (1) la lumière captée par la sensation corporelle qui les pousse à grimper sur les hautes herbes, (2) l’odeur de l’acide butyric qui émane des glandes pileuses et qui les conduit à se laisser tomber sur le corps qui la produit, (3) la chaleur de ce corps sur lequel elles cherchent le point le plus chaud pour y pomper le sang.

Au Liban, les tiques qui ont été identifiées appartiennent à quatre genres : le principal est celui des Rhipicephalus, puis on trouve en proportion moindre des Haemaphysalis, des Dermacentor, et des Hyalomma.

Dermacentor marginatus © GdV

Bibliographie

Mayssaa Fawaz Dabaja et al. 2017 “Diversity and distribut